De voyageur à nomade : interview de Kalagan

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Végétation Mont KenyaL’arrivée d’internet a totalement bouleversé nos modes de vie en facilitant le partage d’informations entre tous, certains y ont même vu là l’opportunité de reconcevoir autrement leur façon d’exercer leur activité professionnelle.

Certaines professions indépendantes se prêtent en effet facilement au télétravail d’où l’idée pour certains de pouvoir exercer la leur depuis n’importe quel point du globe et ainsi de travailler tout en voyageant …

C’est le crédo du nomade digital dont Kalagan est l’un des pionniers en France. Nous l’avons interviewé pour en savoir plus sur son mode de vie et sur son voyage le plus marquant réalisé au Kenya.

 

Peux tu te présenter ?

Salut Christophe. On m’appelle Kalagan sur internet, mais aussi dans la vraie vie (ici, au Mexique, c’est plutôt Chris).

Je viens d’un petit village du Nord de la France, j’ai la trentaine et je voyage à temps plein depuis quelques années déjà. Je ne me considère pas comme un touriste, mais plutôt comme un nomade. Je voyage en immersion.

Je suis un professionnel du Web : j’y travaille tout en voyageant. Je suis pour cette raison ce qu’on appelle un nomade digital. Webentrepreneur, blogueur, webmaster indépendant, “reporter voyage”, formateur WordPress… Je gère tous ça depuis l’étranger.

Si vous voulez en savoir plus sur ce concept, je vous invite à lire cette page sur mon blog.

 

Quel est ton profil de voyageur ?

Je le disais à l’instant, je ne suis pas un touriste (enfin, disons que je ne suis pas un vacancier). Je ne visite que très peu d’endroits touristiques. Il m’arrive tout de même de visiter des sites archéologiques, des musées ou des lieux naturels d’exception, mais dans ce cas, je me lève aux premières lueurs du jour.

Il y a quelques mois, quand je suis par exemple allé à Teotihuacan, un des sites majeurs de la civilisation aztèque, j’ai pris un des premiers métros du DF (Distrito Federale, ou Mexico) à 6h00 du matin pour être sur place vers 8h. Nous étions les premiers, 2 amies et moi, et furent seuls sur le sites pendant 1h ou 2. C’était grandiose. Vers 11h, quand tous les touristes débarquaient par cars entiers, nous avions pratiquement terminé notre tour.

Pour chaque visite de lieux dits touristiques, je me lève donc aux aurores. C’est la règle. Et si je loupe le coche, et bien je n’y vais pas et remet à la prochaine fois ma sortie. Je ne supporte pas les foules touristiques ! Cela change du tout au tout l’ambiance d’un lieu.

Allée des morts de Teotihuacan

Je me considère à la fois comme un voyageur routard : je voyage avec un sac à dos de randonnée de 14 kg, toutes mes affaires comprises ; comme un voyageur aventurier : j’aime faire des treks, des séjours dans la jungle, des randos en vélo, des trajets de plusieurs semaines vers l’inconnu ; et comme un voyageur expatrié : je reste souvent plusieurs semaines aux mêmes endroits, vit la plupart du temps en colocation.

 

Comment prépares tu tes voyages ?

En réalité, je ne prépare que très peu mes voyages. Vu que je pars pour de longues périodes, je prépare sur place grâce aux conseils des locaux que je rencontre ou avec qui je vis.

Il m’arrive parfois de bouquiner un guide ou 2, ou de lire quelques articles de blog. Mais en général, j’arrive dans une ville avec mon sac à dos, ma bonne humeur, mon délicieux accent français et je me débrouille 🙂

Pour les grandes villes, c’est différent. Faut se préparer un minimum, sinon, c’est la galère. Quand j’arrive dans une grande ville, en premier lieu, je cherche un endroit pour quelques jours et me renseigne sur les centres d’intérêts une fois sur place. 

 

Quelles destinations as tu déjà réalisé ?

Je vais pas vous sortir un CV des destinations que j’ai visité, je ne suis pas non plus collectionneur … Mais sachez que j’ai pas mal baroudé en Europe, en Amérique centrale, en Amérique latine et en Afrique de l’Est.

Je voyage disons 1/4 de l’année. Les 3 quarts restants, je suis plutôt en mode “voyageur sédentaire”, ce qui n’est pas plus mal pour faire des rencontres, perfectionner sa langue, comprendre comment fonctionne un pays…

 

Quel est le voyage le plus beau ou le plus original réalisé ?

Mon voyage le plus marquant, c’était au Kenya.

Alors détrompez-vous, je n’y suis pas allé pour faire des safaris : squatter un 4×4 à regarder des animaux en plein cagnard, ce n’est pas pour moi. J’ai vadrouillé pendant 1 mois et demi dans le pays, en sac à dos avec 2 amis, puis je suis resté dans les alentours de Nairobi.

J’ai donné des cours en tant que volontaire dans un orphelinat de la banlieue de la capitale (article en anglais), aux allures de bidonville. Un expérience humaine très marquante, dans une ville démesurée.

 

Parles nous un peu de ce voyage …

Au Kenya, j’ai dépensé moins de 400 euros par mois. La vie est très peu chère et on trouve des hôtels pour 5-10 euros la nuit. J’ai dormi une fois dans un hôtel pour moins de 2 euros (bon, c’était pas le luxe !).

Sur la côte indienne du Kenya, il fait très chaud. J’étais toujours en chemise ouverte. Dans la rue, tout le monde te salue. En même temps, un muzungu (le blanc ou l’étranger, en kiswahili), ça ne passe pas inaperçu.

J’ai rencontré beaucoup de kenyans le soir, en sortant dans les bars. Je consacrais souvent mes matins à travailler sur internet, grâce à une connexion 3G très correcte. Le Kenya est le pays subsaharien le plus développé en terme de technologie mobile.

J’avais une vie sociale assez riche à Nairobi. Une ville très dure, très bruyante, avec beaucoup de circulation, qui ne dort jamais, baignée dans un mélange de culture swahilie, arabe et indienne. Ce n’est pas une ville faite pour tout le monde…

J’ai y vécu des attentats shebabs, des tentatives de vols, des bastons générales, des lynchages dans la rues, des embrouilles avec les militaires, je me suis ouvert la main avec 4 points de sutures … Bref, du voyage à la dure 🙂

 

Y as tu visité des lieux insolites ou pittoresques ?

Quand je vivais à Nairobi, je faisais des excursions toutes les semaines. J’ai par exemple visité le lac Magadi, sur lequel se trouve une des plus grandes usines d’extraction de sel du monde.

Ce jour là, avec mon pote Vincent, nous n’avions pas de moyen de transport pour revenir à la capitale. Et c’est bien la première fois que je passais la nuit dans un village sans hôtel. Nous avons été accueilli dans un dortoir d’ouvriers avec qui nous avons également passé la soirée. Le lendemain, nous rentions au petit maint en stop, avec un ingénieur de l’usine.

Lac Magadi

 

Quels ont été les faits marquants de ce voyage ?

L’ascension du Mont Kenya fut une expérience inoubliable. 1 guide des montagnes, 2 assistants, 2 potes et moi. Nous avons marché pendant 4 jours sur les flancs du volcan, pour atteindre un des 3 sommets, celui de Lenana, à 4985 mètres.

On n’oublie pas ce genre d’expérience, durant lesquelles on s’approche de nos limites, on vit des moments forts, on frôle des situations catastrophiques, on surmonte ses peurs …

Ascension du Mont Kenya

Végétation bizarre sur le flanc du volcan

 

As tu quelques photos à nous montrer sur ce voyage ?

Mon bureau nomade à Diani beach

Le jardin public de Nairobi

Le bus pris tous les jours pour aller à l’orphelinat

Ma classe d’élèves de Lynsy Love

Vallée du rift

 

As tu rapporté des cadeaux-souvenirs de ce voyage ?

Je ne suis pas quelqu’un de matérialiste, vous l’aurez compris …

J’ai ramené un collier avec une dent de requin-tigre négocié avec un rastafari kenyan, un pantalon bariolé d’intérieur et 2 graines de la forêt d’Arobuko Sukoké. Je les ai faites percer chez un artisan pour en faire des boucles d’oreille que j’ai offerte à une amie française. J’ai aussi ramené du café et du miel de caféier à ma famille. Rien d’autre me semble-t-il…

 

As tu des conseils à donner à ceux qui voudraient faire ce même voyage ?

N’allez pas au Kenya avec un circuit all-inclusive. Evidemment, vous profiterez de la nature kenyane qui est fabuleuse et des safaris que l’on peut y faire mais vous passerez à côté d’innombrables rencontres et fous rires. Je n’avais jamais autant ri lors d’un voyage, et ceci n’est pas anecdotique.

Les rencontres à Nairobi furent extrêmement faciles, les gens sont très souriants et très rieurs, malgré des niveaux de vies bien bas… et mon expérience dans cet orphelinat fut également quelque chose de fort. Si vous voulez voir des animaux sauvages, faites un safari ou 2, mais prenez le temps de vous faire accompagné par des guides locaux, visitez les ville et leurs marchés, allez prendre l’ambiance des bars… Bref, allez-y plusieurs mois si vous pouvez, et vous verrez que votre vie en sera changée.

 

Y a-t-il d’autres destinations que tu envisages de réaliser ?

En ce moment, je suis en Amérique latine depuis un peu plus d’un an. J’ai notamment bien vadrouillé au Mexique et au Guatémala. Je pense que je vais retourner en Colombie. Je n’y suis allé qu’un mois, et c’était dans le cadre de mon travail.

Je n’ai pas une liste de destinations prédéfinies. Je crois qu’au fond de moi, j’aimerais découvrir tous les pays du monde !

Mais je voyage en général par opportunité, lorsqu’on m’invite. A chaque fois que j’arrive dans un pays, j’ai au moins un contact ou deux sur place.

Je pense que mes prochaines destinations seront en Europe ! Je vais allé visiter des pays, des entrepreneurs, des blogueurs…

 

As tu quelque chose d’autre à ajouter ?

Je passe aujourd’hui plus de temps à l’étranger qu’en France, et je vous avoue que mon pays commence à me manquer. Cela fera bientôt 4 ans que je n’ai pas vécu d’hiver en Europe ! Ma résistance au froid en a d’ailleurs pris un sévère coup.

Et je sais très bien que lorsque je rentrerai, je serai aux anges. Le retour au pays n’est-elle pas une des plus belles étapes du voyage ? Ceci dit, une fois de retour, je n’aurai sûrement qu’une seule envie, repartir. C’est durant ces moments qu’on s’aperçoit qu’on est nomade et que cela a un fort impact sur nos vies.

Pour aller plus loin :
Kalagan.fr, le blog d’un nomade digital

 

Un commentaire à faire sur l’interview ou une question à poser à Kalagan ? N’hésitez pas à utiliser la zone commentaires située en bas de cette page …

Vous avez la plume facile et vous avez un profil de voyageur atypique ou vous avez vécu une expérience de voyage hors du commun ? Contactez nous pour vous faire interviewer

 

Cette publication a un commentaire

  1. Julien

    Le Kenya est le premier voyage que j’ai pu faire en indépendant (et le premier tout court après un stage en Afrique du Sud). J’étais parti en sac à dos avec un ami pour faire du safari (et oui, même si il fait chaud Kalagan, c’est quand même exceptionnel) mais aussi pour rencontrer les gens un peu partout Nairobi, petits villages et sur la côte.
    J’ai exactement le même sentiment que toi: des Kenyans très ouverts, qui vous accueillent très souvent sans arrière pensée et avec qui il est très facile de faire des rencontres. J’ai le souvenir d’un Kenyan que nous avions rencontré dans un bar et qui était resté avec nous les 3j complets suivants pour nous faire rencontrer sa famille, visiter son village, voir le guérisseur, etc. C’était absolument super.
    Une destination pas des plus faciles pour un premier voyage mais sans aucun doute une des expériences les plus enrichissantes.

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